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mercredi, septembre 13, 2023



LE THEME DE LA CRUCIFIXION CHEZ  PABLO PICASSO ET WILLEM  DE KOONING


                                     TABLE DES MATIERES


 


 


A – PRESENTATION de DE KOONING et PICASSO -ce qui les rassemblent  …........….PAGE 3


B -  PICASSO A INSPIRE  DE KOONING.........................................................................  PAGE 4      


C – THEME DE LA  CRUCIFIXION  PICASSO- DE KOONING.......................................PAGE 4 


        *C1- CRUCIFIXION 193O-1932  PICASSO.................................................................PAGE 9  


                  C1-1  - DESSIN -PORTRAIT DE STRAVINSKY................................................PAGE 11 


         *C2- CRUCIFIXION DE DE KOONING et LEG WOMAN IN THE  LAND........... .PAGE 13       


                    C2-1 -Crucifixion de WILLEM DE KOONING…………….....................….... PAGE 13           


                     C2-2 – Tableau «LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » et   CRUCIFIXI.....PAGE  18            


                                  C2-2-1 – Description LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE… ......... PAGE 18


                                  C2-2-2  - Crucifixion dans LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE ..... PAGE  22


 


                                                                                                           CONCLUSION   ..........……PAGE 25


 


 


                                                                                                                                                                                  PAGE2








                              

   WILLEM DE KOONING-PABLO PICASSO 


        "LA CRUCIFIXION"  


            THEME COMMUN A  2 TABLEAUX 

           INEDITS DES DEUX PEINTRES

 

-DESSIN PORTRAIT DE STRAVINSKY de 1938

-TABLEAU « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » de 1971




A – PRESENTATION DE DE KOONING ET PICASSO   , ce qui  les rassemblent

 

 

De la même manière , en apprenant qu’une exposition était en préparation à NEW YORK pour une ouverture en NOVEMBRE 2023  dans le cadre de la célébration  du cinquantenaire de PICASSO  sur le thème  «  LES ECHOS DE PICASSO » 

Cette exposition organisée par les galeries ALMINE RECH, dont le commissaire est Eric TRONCY met en relations l’art moderne de  Pablo PICASSO- Willem DE KOONING et Françis BACON  avec des artistes  phares de  l’art contemporain.

 j’ai réalisé une étude comparative  entre les deux tableaux inédits « LEG WOMAN IN THE LANDCAPE » présumé de DE KOONING de 1971  et le portrait de STRAVINSKY  par PICASSO de 1938  avec les autres tableaux de DE KOONING et PICASSO  . Il s’avère qu’un thème commun saute aux yeux pour ces 3 peintres et pour  les deux œuvres inédites que je vous soumets   qui est la «  CRUCIFIXION ».

Je vais donc bâtir cette étude  sur le socle de la CRUCIFIXION

 

les deux peintres DE KOONING et PICASSO ont pris leur essor dans la peinture en quittant leur pays d’origine .

DE KOONING né en 1904 a quitté son pays d’origine la HOLLANDE pour s’installer en Amérique clandestinement en 1926 et PICASSO ,Espagnol ,né en  1883  s’est installé en France à partir de 1901 . Tout deux ont émigré sans un sou en poche. Ils ont commencé par la misère dans leur pays d’adoption  et ont connu  la gloire et la reconnaissance ensuite. Tous les deux ont voulu se démarquer de leurs collègues peintres et n’ont pas suivi le chemin où on voulait les engager.

 

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Malgré la tendance à l’abstraction du début du XXème siècle , ils sont restés plus figuratifs qu’abstraits. Tous les deux ont réalisé des œuvres qui ont révolutionné l’art moderne avec comme emblème « LES DEMOISELLES D’AVIGNON » pour PICASSO  et « WOMAN1 » pour DE KOONING. Avec ces deux œuvres respectives ils ont connu le rejet puis ensuite la reconnaissance.

On pourrait continuer ainsi en trouvant des points de convergences entre ces deux artistes essentiels du XXeme siècle.

 

B- PICASSO a inspiré DE KOONING

 

PiCASSO étant l’aîné d’une vingtaine d’années par rapport de DE KOONING , c’est DE KOONING qui découvrit PICASSO . Les nombreuses illustrations qui ont traversé l’atlantique, publiées dans la revue d’art  Française  «  Les cahiers d’art » et dans «  document » tenaient DE KOONING informé de la progression de PICASSO . 

DE KOONING avait certainement vu l’exposition « PICASSO FORTY YEARS OF HIS ART » inauguré en 1939  au MUSEUM OF MODERN ART  par le fameux directeur qui mettait en valeur l’art Européen   «  ALFRED  H BARR  jr » .DE KOONING  avait qualifié cette exposition  de stupéfiante .

Il avait été étonné par les mélanges d’abstraction et de figuration des œuvres de PICASSO ainsi que par la violence si caractéristique du travail de PICASSO des  « DEMOISELLES D’AVIGNON »  jusqu’à « GUERNICA »Il s’en est sans doute inspiré pour ses tableaux des « WOMAN » des années 40 et 50 . Plus tard on retrouve le biomorphisme de PICASSO dans les tableaux de DE KOONING  et le tableau inédit que je vous soumets  « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE «  en est un bon exemple , il est à la fois un tableau ou émerge  la violence, la férocité et la mort  et le biomorphisme du personnage central

 

 

C LE THEME de la crucifixion chez PICASSO – DE KOONING –et les tableaux inédits

« LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE «  de 1971  et

 dessin  portrait de STRAVINSKY de 1938

 

Pourquoi ce thème de la crucifixion est t’il si populaire dans l’histoire de la peinture même pour des artistes comme PICASSO- DE KOONING et BACON qui ne sont pas adeptes de peintures religieuses et qui sont très loin d’une appartenance  à une culture catholique même si PICASSO en particulier a été élevé dans la religion catholique . Beaucoup de leurs peintures pourraient passer pour des blasphèmes

PICASSO avait dit qu’il avait souvent eu envie d’interpréter le tableau de la CRUCIFIXION  du retable D’ISSENHEIM par MATTHIAS GRUNEWALD ( FIGURE 1)mais dès  qu’il commence à dessiner , cela devient tout autre chose  .Les autres  tableaux classiques de la crucifixion qui ont  beaucoup intrigué et intéressé ces 3 artistes de l’art moderne  ce sont  les tableaux de CIMABUE  ( FIGURE 2). Les 3 artistes soulignent par leurs peintures ayant pour thème la crucifixion que ce thème majeur se dérobe pour conduire à autre chose que la mort du christ sur une croix pour racheter les péchés de l’humanité et réconcilier l’homme avec DIEU.

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                                                   FIGURE 1 -RETABLE D’ISSENHEIM    


                                             FIGURE 2  - CRUCIFIXION de  CIMABUE

Pour PICASSO la crucifixion , c’est la volonté de transmettre la douleur et l’angoisse de la mort d’un homme  et la douleur de ceux qui restent. c’est un thème  qui traverse toute la vie de l’artiste. « Les cahiers d’art » ( N°2)  de 1927 reproduisent 2 crucifixions réalisées  en 1926, Un 3eme dessin a été publié dans la revue  «  document » en 1930 dans un hommage à PICASSO. Par la suite entre mai et juin 1929, PICASSO réalise un carnet de dessins ou alternent des études sur les baigneuses à la cabine sous des formes biomorphiques ( FIGURE 3) et des études de crucifixion, préludes  au tableau « LA CRUCIFIXION «  de 1930  ( FIGURE 4 )inspiré  du panneau central du retable  d’ISSENHEIM de GUNENWALD ( FIGURE 1) .

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  FIGURE 3 –   BAIGNEUSE A LA CABINE  1929                  FIGURE 4 – étude CRUCIFIXION 1929

Tableau repris en 1932 toujours inspiré du retable  D’ISSENHEIM ( FIGURE 5) . Ensuite le thème sera repris  dans une petite crucifixion  de 1938  allégorie de GUERNICA ou le christ hurle  dardant sa langue vers les cieux  comme le faisait la femme qui pleure ( FIGURE 6).




FIGURE 5- CRUCIFIXION  de 1932                           FIGURE 6- CEUCIFIXION DE 1938


Ce dessin de 1938 a un caractère blasphématoire pour un chrétien  . Il nous montre un cavalier avec sa lance à droite du tableau , une femme  gueule ouverte  qui arrache les entrailles du supplicié jésus ( La vierge Marie ) et le dévore  , Une Marie -Thérèse qui s’accroche au sexe de Jésus mais PICASSO ne se place pas dans l’optique de la religion. Pour PICASSO dans ses crucifixions, c’est un homme qui se substitue à DIEU et cet homme dans nombre de ses dessins ou peintures de crucifixion c’est PICASSO lui-même et les femmes autour  et au pieds du Christ sont les femmes qui ont blessé PICASSO, c’est GERMAINE  tueuse de son ami CASAGENAS, tueuse de PICHOT ,c’est OLGA qui harcèle, espionne et empêche de travailler  PICASSO . Nous verrons que dans le tableau LEG WOMAN IN THE LANDSCSAPE l’ombre de WOMAN 1 ( FIGURE   ) alias la mère castratrice  WILLEM DE KOONING  est présente dans le tableau

Dans les années 50 la crucifixion se mêle aux scènes  Taurines .

Nous verrons  que dans le dessin inédit , portrait  de STRAVINSKY par PICASSO de 1938, il y a du taureau touché à mort  dans ce portrait  ( FIGURE )  Ce dessin est aussi une allusion  à une crucifixion  dans la composition  du portrait fait de mémoire , on peut le comparer à la crucifixion de 1938 où STRAVINKY la bouche ouverte crie sa douleur , Il est en train de perdre sa femme et sa fille qui mouront toutes les deux quelques semaines plus tard après l’exécution de ce dessin

A la lecture de ce dessin  crucifixion de 1938  et portrait de STRAVINSKY ( FIGURE 7) on peut considérer aussi ces dessins comme des autoportraits , Le supplicié de 1938 sur la croix et STRAVINSKY ce sont aussi PICASSO  qui lui permettent  ainsi d’exprimer ses sentiments très intimes , ses propres  sensations et la façon dont va la vie et evènement de la base de la religion chrétienne sera un thème qu’il va détourner pour exprimer  et transmettre les douleurs humaines , les angoisses de la mort et dans le cas de STRAVINSKY les douleurs de ceux qui restent.

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FIGURE  7 – PORTRAIT DE STRAVINSKY et TETE DE CRUCIFIE DE CRUCIFIXION DE 1938


Ses « crucifixions en règle générale sous le thème principal  du sacrifié, crucifié   ne veulent pas exprimer un événement historique  mais des archétypes  de la douleur  comme les deux œuvres ci-dessus mais aussi  de la brutalité du traitement infligé par les hommes à d’autres hommes ( Guernica, la guerre d’Espagne ) Cette conception donne à l’artiste  une forme qui lui permet de s’échapper du contenu narratif  et de se concentrer sur une évocation émotionnelle ( GUERNICA)

 

Quand au tableau inédit de DE KOONING «  LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » de 1971  Ce tableau  qui reprend sous forme biomorphique  la jambe droite du tableau WOMAN1 ( etape 1) ( figure  de 1950  que DE KOONING a calqué pour  la composition de cette toile inédite et  qui représente  les  cauchemars subis par DE KOONING , relatés dans un entretien par une journaliste  qui l’avait interviewé ( J’ai fait des cauchemars pendant longtemps  un monstre m’attaquait, un montre énorme ) où cette forme biomorphique , autoportrait de DE KOONING se fait dévorer par des monstres des marais et  de la mer  , peut être transposé aussi  à une crucifixion  sous jacente à cette image de cauchemar  il y a le thème de la crucifixion qui vient se greffer à ce tableau . Ce choix du thème de la crucifixion dans « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » n’a donc pas été dicté  par des intentions religieuses mais par le désir de transmettre la douleur et l’angoisse de la mort. Pas tant donc la crucifixion du christ que la mort d’un homme  ( tableau inédit de DE KOONING) et des douleurs de ceux qui restent ( portrait de STRAVINSKY) . Ce choix de la crucifixion  pour des artistes non croyants permet donc de véhiculer  toutes sortes de sentiments de sensations de violences  et de transformer le christ en autoportrait


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                          FIGURE 8 – WOMAN 1 ( ETAPE1) et LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE


Ce thème de la « crucifixion » chez DE KOONING   a probablement pour origine les œuvres de PICASSO sous ce thème dont DE KOONING avait certainement vu des reproductions en noir et blanc dans les revues d’art Françaises , « cahiers de l’art » et « document » qui circulaient dans les milieux artistiques en Amérique dont ce groupe de dessins de 1926 et 1929 qui préparaient directement à la peinture de 1930  ( FIGURE 9) « CRUCIFICXION « aux couleurs vives  et qui sont dans la continuité stylistique et thématique selon un même prototype pour satisfaire  la célébration rituelle du thème christique  qui a été dévoyé   comme indiqué ci-dessus 


                                        FIGURE 9 – CRUCIFIXION DE 1930 ( PICASSO)

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. Ce tableau de 1930   regroupe ses dessins précédents mais PICASSO l’a gardé pour lui et n’a été montré qu’une fois ou 2 de son Vivant. Ce tableau a fait partie du lot d’œuvres versés à l’état Français par les héritiers du peintre en règlement des droits de succession. DE KOONING n’a donc pas eu l’occasion de voir cette œuvre directement inspiré du retable d’ISSENHEIM mais il aurait pu voir la suivante  de 1932  ou celle de 1938  ( FIGURE 5 et 6) très semblables dans la composition de 1930 avec des fragments de corps biomorphiques  ( 1932)tout a fait dans le style de DE KOONING  et du tableau  « CRUCIFIXION"  ( 1938) 



                                                        

FIGURE 10-  LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE   et Fragment  de «  CRUCIFIXION 1932 PICASSO


C1-La Crucifixion de Picasso de 1930 et 1932 et le dessin portrait de STRAVINSKY de 1938

 

C1-1 -CRUXIFICXION DE PICASSO 1930 et 1932

 

Le 7 février 1930, Picasso termine  « La Crucifixion » ( FIGURE 9): récit  vibrant et surréaliste de l'histoire du Calvaire, avec la croix, les clous, les lances, les femmes en larmes et les vêtements à partager entre les joueurs de dés.

Nous avons vu comment le choix du thème sacré n'était pas un cas isolé dans l'œuvre de Picasso, qui l'a repris dans certains dessins de 1932, toujours inspirés du retable d'Issenheim de Grünewald. Par la suite, il reprendra le thème dans certaines œuvres des années cinquante, où la Crucifixion se mêlera aux scènes taurines[1].

Le choix du thème n'a pas été dicté par des intentions religieuses, mais par le désir de transmettre la douleur et l'angoisse de la mort:

 

Pour décrire ce tableau ,Au centre, le Christ est représenté, vêtu d'une tunique courte. Un petit personnage rouge grimpe sur une échelle pour le clouer; un homme à cheval, transperce le corps du Christ d'une lance disproportionnée.

Une femme (la Vierge ou la Madeleine), sans coloration, semble vouloir mordre pour défendre le corps déjà percé de clous. Sur la gauche, un monstre avec un long manteau violet est représenté, et au-dessus d'un oiseau abattu par un énorme rocher; l'oiseau pourrait symboliser la Passion et le rocher l'éponge imbibée de vinaigre.

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 Au pied de l'escalier, les deux corps sont ceux des deux larrons descendus de leur croix et dont les soldats ont brisés les membres,

Les deux personnages au premier plan sont des soldats romains jouant aux dés sur un tambour;

Les personnages  de droite sont difficiles à identifier; sous la croix, un visage de profil semble être celui de Marie-Thérèse. Sur le côté, une figure solaire échevelée, dont la signification est inconnue, se tient au-dessus du visage d'une femme bleue et blanche, ressemblant à la tête d'une mante religieuse aux dents acérées ( cela pourrait être sa femme OLGA), dont les bras jaunes s'élèvent au ciel dans un geste de supplication. D’autres personnages sont plus difficiles à identifier

 

 Au-delà d’une représentation classique du calvaire , il met en scène bien des personnages étranges. Le sacrifice devient une sorte de cérémonie initiatique, d’exorcisme.  La palette utilisée par PICASSO est inhabituelle, des rouges, des jaunes, des verts crus composent un ensemble de formes entremêles aux contrastes violents ( En cela ça correspond bien à la façon de peindre de Willem DE KOONING) . Ces formes entremêlées sont encore plus visibles dans les  dessins de 1932 .

 

On peut comparer cette œuvre composée à une sorte de rebus ou sont concentrés une multitude d’allusions . Ne fait ‘il pas allusion à la crise de sa  vie personnelle et à l’évolution dramatique  qu’il ressent au monde qui l’entoure ( les secousses de la crise de 1929, la montée du Nazisme et de l’antisémitisme, l’Espagne qui est à l’aube de la guerre civile après avoir susciter de grands espoirs) Dans sa vie personnelle, il fait sans doute référence dans ce tableau  à la grande crise qu’il traverse Il est marié à OLGA  KOHKOVA  et leurs relations se dégradent, elle multiple les scènes de jalousie , espionne le peintre, le harcèle , les crises se succèdent toujours plus violentes. C’est dans ce contexte que PICASSO peint le « crucifixion de 1930 » Le crucifié c’est PICASSO agressé de toutes part

 

Le petit personnage à droite du crucifié n’est t’il pas un autoportrait de PICASSO dans la scène de crucifixion ou il se voit à la place du crucifié . Nous verrons qu’à la même place  dans le tableau « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » il y a un visage fantomatique dans le style des têtes grises de GIACOMETTI , c’est l’esprit de DE KOONING qui se voit être dévoré dans son cauchemar





                    Petit personnage                                                  Tête à la GIACOMETTI

FIGURES 11 – extraits de « CRUCFIXION » de 1930 et LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE 


Pour Anne BALDASSARI , commissaire de l’exposition BACON-PICASSO en 2005, elle y voit une allusion  qui est une allégorie racontant le sacrifice  majeur du peintre par la peinture. Dans le tableau du 7 février 1930 on retrouve la figure à mâchoire en tenaille qui hantait  la peinture de PICASSO dans ces années. Le christ sur la croix c’est le peintre. Il rassemble autour de lui ,  cloué à son chevalet de torture des figures qui s’adonnent à leurs activités privilégies de distorsion. La MADELEINE qui hurle la douleur de sa gueule dentée et ne fait plus qu’un avec le supplicié, tous deux mêlés en blanc sur blanc. La Fusion du peintre et de sa muse en un seul corps habillé de la couleur blanche virginale, celle du linceul aussi qui énonce ici la concordance symbolique d’avec le christ et  MADELEINE. Les figures à machoires montent la garde de part et d’autre du couple nuptial. Elles portent témoignage et assistent dans une pose hiératique, au sacrifice du peintre. Autour d’elles les soldats vaquent à leur activité de mercenaire. Ils tirent au sort la tunique, ils clouent, donnent l’estocade et transpercent selon le rituels christiques et tauromachique Un charnier de corps  en bas «évoquerait la mise à mort des deux larrons. Les objets de supplice , croix, lance, éponge , clous viennent s’interposer dans la symbolique de la crucifixion.


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En 1932 PICASSO dédia à nouveau  des dessins de crucifixion dont on trouve des reproductions  dans la revue " le minotaure" de 1933 .Il se référent aussi au retable d’ISSENHEIM mais par rapport à celui de 1930 les objets et les personnages sont maintenant délacées , comme décomposés, les formes ainsi fragmentées, s’allongent s’emboîtent , s’articulent et tout le calvaire devient  une architecture d’ossements

 Dans certains dessins la croix à disparu et les bras en croix sont signifiés par des branches d’arbres, la montagne évoque le drapé de la vierge, les corps sont comme des colonnettes sculptées de temple. Stylistiquement ces figures se référent non seulement aux petites peintures empâtées des baigneuses mais aussi au 10 dessins en noir et blanc aux formes biomorphiques, arrondies de membres et corps fragmentés  publiés  dans les cahiers d’art depuis 1929.

Nous verrons ici un rapport avec le tableau de DE KOONING « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE  dont la forme centrale correspond à un élément de fragmentation , de décomposition du  corps du tableau emblématique de DE KOONING  WOMAN 1 de l’étape 1, il s’agit de la jambe droite  ( FIGURE 10)

 

C1-2 – Dessin -PORTRAIT DE STRAVINSKY – PICASSO de 1938

 

Après  ce qui a été dit ci-dessus  et ce qu’on connait de PICASSO , je me suis posé la question sur le dessin inédit  , portrait de STRAVINSKY de 1938 . Y aurait t’il dans ce dessin de PICASSO, un lien quelconque avec le thème de la crucifixion  et les dessins de PICASSO traitant de ce thème , Eh bien on peut dire très fermement oui ! au même titre  des dessins de la femme qui pleure, allégories à DORA MARR ou la suppliante, et à PICASSO lui-même dans l’homme qui pleure , ou du suppliant ( FIGURE 12)  qui porte le tricot marin de PICASSO. C’est cet homme bras levé éperdu de douleur qui crie bouche ouverte et langue dressée, les massacres de la guerre d’Espagne et de Guernica , dessins que l’on trouve dans la série préparatoire  d’une soixantaine de dessin  pour  GUERNICA  , ils peuvent se rattacher au thème de la crucifixion  comme peintre supplicié . Ce thème   est une armature magnifique auquel on peut raccrocher toutes sortes de sensations et de sentiments


 




Pour en revenir au dessin inédit  portrait de STRAVINSKY de 1938 . PICASSO aurait fait ce dessin de mémoire le 16 novembre 1938 au restaurant  « Au MARIGNAN » Il a réalisé ce dessin non pas comme il le voyait extérieurement mais dans son for intérieur tout en étant reconnaissable et sans que cela soit une caricature du compositeur.

Il le  représente  avec des traits de Taureau ( FIGURE 13)  ( visage gonflé ,cou de taureau, bouche aux lèvres épaisses, petits yeux de taureau) il a la bouche ouverte comme un animal bléssé qui crie sa douleur  et qui implore le ciel comme jésus qui implore son père sur la croix.

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                                 FIGURES 13 -   PORTRAIT DE STRAVINSKY et TAUREAUX


En  effet ce 16 novembre 1938  PICASSO et STRAVINKY étaient dans la même loge N°8 pour assister à la  première de la pièce de théâtre  « LES PARENTS TERRIBLES «  au théâtre des Ambassadeurs sur les champs Elysées   de leur ami  Jean COCTEAU ensuite il sont allé au restaurant «  Au MARIGNAN » à quelques mètres du théâtre et c’est là que PICASSO réalise ce portrait.

 

Il avait senti STRAVINSKY très préoccupé et dans un état de malheur qui lui prenait toute son énergie. En effet sa femme et sa fille très malades de la tuberculose allaient mourir quelques jours plus tard. C’est donc dans cet état de très grande détresse qu’il fit le portrait de STRAVINSKY . Il représente donc STRAVINSKY  et le symbolise  dans le même état que le crucifié sur la croix  qui crie sa douleur et implore DIEU.

 

Ce dessin on peut le voir aussi comme un autoportrait de PICASSO qui se présente aussi comme un taureau blessé et il se met dans la peau de STRAVINSKY dont il comprend ses états d’âme , il se substitue a lui   ( ses relations personnelles sont compliquées avec DORA MAAR, OLGA et Marie Thérèse WALTER , le guerre d’Espagne le préoccupe et il ressent plus que d’autres les prémices de la guerre mondiale) . Le crucifié STRAVINSKY c’est aussi PICASSO crucifié. et cela semble d’autant plus vrai qu’au bas du dessin il écrit STRAVINSKY  de la même manière que sa signature PICASSO

Écriture en diagonale et souligné de la même manière en dessous du nom. ( FIGURE 14)

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                                                                 FIGURE 14 




C2-   La CRUCIFIXION de WILLEM DE KOONING  et  la       peinture  " LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE " de 1971

 


C2-1  - Crucifixion selon WILLEM DE KOONING

 

 

Toute sa vie DE KOONING a été fasciné par la crucifixion et c’est un thème qui deviendra obsessionnel. Ce thème  n’est pas toujours explicite  dans ses titres ou dans ses compositions, C’est  au regardeur de le  découvrir et de l’interpréter . Sur le thème de la crucifixion  par PICASSO et DE KOONING ,SOLLERS écrit :" Plus rien à voir avec l’ostension frontale proposée à la génuflexion ou à la méditation d’une collectivité : il s’agit ici d’une expérience personnelle obligée d’inventer le code où elle se déroule. C’est pourtant bien de crucifixion qu’il est question, pas d’autre chose. Simplement, l’épreuve est réactivée, déplacée, les coordonnées ne sont plus les mêmes, un autre vertige est à l’œuvre. On reprend le drame par l’intérieur, et peu importe qu’une telle transgression paraisse un blasphème à ceux qui ont pris une assurance sur la souffrance devenue cliché ou à ceux qui ne peuvent pas voir (tradition ou timidité) un crucifix en peinture"

Un tableau comme  « EASTER MONDAY » ( FIGURE 15)n’est pas un tableau mystique. DE KOONING  croyait plus la terre que le paradis . Les thèmes religieux entraient occasionnellement dans son œuvre, il avait depuis longtemps une fascination pour la crucifixion mais un trop haut degré de la religion le rendait anxieux . Pour ce peintre tactile , la reverie religieuse semblaient intangible, illusoire et hors de contact Le langage pompeux des peintres contemporains évoquant le mythe, la transcendance,, l’histoire lui déplaisait .Le titre  « ‘EASTER MONDAY » signifie peut être que pour lui le Lundi de Pâques qui est un jour férié , n’a pas plus de valeur que le jour de Pâques mais les titres des œuvres de DE KOONING n’était pas sujet à des significations de la peinture . EASTER MONDAY évoque un crime  et plutôt que de choisir un crime ordinaire le peintre choisi le plus grand crime dans la chrétienté : la crucifixion.


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                                        FIGURE 15 – EASTER MONDAY  ( DE KOONING)


« EASTER MONDAY »,La verticalité de la peinture  et les coups de pinceaux angulaires géométriques évoquent la croix même si elle n’est pas décrite explicitement. Les tons chairs et les violentes torsions du pinceau  suggèrent  à la fois l’agonie physique convulsive et l’esprit transcendant du Christ. Un coup de peinture rouge rappelle même la blessure  de la lance dans le coté gauche du christ. Le crime se transforme en joie par la résurrection. La palette est douce , les roses, blancs , bleus légers comme habillé  par une tenue de Pâques . Cette résurrection est un sens personnel de celle-ci de DE KOONING

 

Dans les années 40  ,De KOONING s’est  perdu dans le désespoir , il réalisa un tableau en noir et blanc  appelé  « BLACK FRIDAY » ( FIGURE 16) qui évoquait la crucifixion . A la moitié des années 5O il n’était pas resté figurativement crucifié. Il était ressuscité  et  DE KOONING était devenu une sorte de divinité séculaire remplaçant PICASSO et MIRO par son influence , devenu célèbre et admiré. C’était une libération après tant d’années de lutte




FIGURE 16- BLACK FIDAY


Dans le tableau inédit « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » ( FIGURE 17) c’est  aussi une crucifixion qui ne se montre pas , qui est intériorisée et personnelle comme  BLACK FRIDAY et EASTER MONDAY à la fois  et qui sera développée ci-dessous .

 

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                                             FIGURE 17- LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE


La symbolique , crucifixion du Christ en croix on le retrouve dans plusieurs œuvres de Willem DE KOONING dans des dessins des années 60. La plupart des personnages crucifiés sont des nus avec des organes génitaux proéminents et des bras tendus. Les corps sont encadrés par des lignes de la croix elle-mêmes, les visages sont des enchevêtrements de lignes  et des traits caricaturaux  avec un nez pointu  et des yeux exorbités et désespérés. Pour Mr KERTESS , « les hommes crucifiés  sont des autoportraits » ( FIGURE 18)

 

                                                                   FIGURE 18- crucifixion



Dans un dessin de cette série de 1966, une figure se penche sur la croix, les bras étendus , les genoux pliés, son bras gauche est séparé de son corps par un passage d’effacement qui va jusqu’au haut de la croix. Un autre dessin associé est orienté verticalement mais quand il est vu à l’horizontal, le supplicié sur la croix change de position , il semble marcher et porter sa croix . On retrouve bien là les dessins originaux de DE KOONING qui ont des lectures différentes  selon la position verticale ou horizontale, dans un sens ou dans l’autre. ( FIGURE 19)

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                                          FIGURE 19- crucifixion 1966

On retrouve ce même dispositif dans le dessin qui se trouve au dos du tableau inédit « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » Ce qui semble  une calligraphie  genre hiéroglyphe  dans le sens du tableau  mais qui en réalité est un enchevêtrement  des deux noms D KOONING et KILGORE , se transforme en dessin  d’une femme , c’est KILGORE en Marylin MONROE si on tourne le dessin dans un sens et se transforme en homme dans l’autre sens c’est DE KOONING lui-même. Dans le dernier sens c’est un oiseau qui apparait. ( FIGURES 20)

 





                      FIGURE 20- DOS DU TABLEAU « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE »


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D’autres dessins de 1966 adoptent une pose plus traditionnelle avec les bras écartés vers l’extérieur et les pieds se chevauchant et cloués à la croix . Susan  BROKMAN qui vivait avec DE KOONING à cette époque  dans les années 60  a souligné l’intérêt porté au thème de la crucifixion par DE KOONING  devenu dans ses œuvres plus un symbole  qu’un événement historique et religieux . Avec ce thème DE KOONING nous parle de souffrance humaine à l’échelle universelle tout en abordant la souffrance individuelle . Ainsi même s’il n’était pas sensible à l’aspect religieux de la crucifixion, il la considérait comme une magnifique armature à laquelle suspendre  tous les types de sentiments et de sensations

comme nous le verrons dans le tableau inédit «  LEG WOMAN IN  THE LANDSCAPE »

 Un autre dessin est intéressant en transition à l’étude du tableau  inédit et présumé  de De DE KOONING que j’ai nommé « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE, c’est une série de dessins de Crucifixion  de 1972    nommés  « For Emilia – Six tears for six saints » dédicacé à Emilie KILGORE sa nouvelle muse depuis fin 1970  qui est devenue le grand amour de sa vie . Ce motif de crucifixion du Christ est réalisé avec « un mélange de fantaisie et de  pathétique «  selon Judith ZILCZER .( FIGURE 21)

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FIGURE 21


Pourquoi avoir dédicacé cette série à Emilie KILGORE  , sujet  qui exprime la souffrance alors qu’il vient de rencontrer  Emilie KILGORE et qu’il se sent rajeunir et plein de vie. Ses lettres  à Emilie KILGORE sont enflammées  par amour pour Emilie, une étoile désormais brille dans sa vie.  . Il écrit  «  Je t’aime ou que tu sois pour toujours »  «  Tu es avec moi  tout le temps même quand tu n’es pas avec moi »  «  Je n’ai jamais eu une femme comme toi dans ma vie » ETC   . La joie qu’elle apportait à  WILLEM DE KOONING était sans contrepartie,  elle ne demandait rien, pas d’argent,  de toiles ou de mariage.  Les toiles qu’il exécute  en 1971  et 1972 sont rayonnantes de couleurs de mouvements et respirent la joie et le bonheur à l’exemple de « FLOWERS MARY’S TABLE » «  AMITYVILLE » » WOMAN IN THE WATER »FIGURES 22)




                                                    




           FIGURE 22-

SCREAMS OF CHILDREN COME SEAGULLS – EAST HAMPTON GARDEN PARTY – FLOWERS MARY’S TABLE


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Peut être la peur de perdre  Emilie KILGORE le tourmentait , son combat avec ses démons  et ses addictions revenaient sans cesse et le mettait parfois en dépression , la peur de mourir  ou que son inspiration au travail se  tarisse aurait amené DE KOONING a réaliser  ces dessins de  Crucifixion . Là dessus De KOONING reste discret

 D’autre part il avait dit à EMILIE qu’il lui dédicacerai tout ses travaux  par amour pour elle. Il existe d’autres œuvres avec dédicaces inscrites pour EMILIE KILGORE  comme le tableau «  East Hampton Garden party »ou il écrit «  Happy birthday  darling Emilie 1976 » ( FIGURE  22)

 

Comme évoqué ci-dessus, au dos du tableau « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » un dessin est un hymne à l’amour pour Emilie KILGORE et sera développé ci dessous

 

 

 

C2-2 Tableau LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE et 

CRUCIFIXION


C2-2-1 Descriptif de LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE

 

Comme il a été développé dans mes études précédentes sur ce tableau LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE ( FIGURE  17)      voici une signification de ce tableau  et nous verrons ensuite son approche avec la crucifixion

« LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE »  Ce tableau avec une forme centrale  de haut en bas en hauteur   et qui fait le tiers  du tableau en surface , peut être qualifiée   de biomorphique , forme  qui a une signification déterminée (jambe de WOMAN1 étude1) mais qui a été transformée en être vivant humain (autoportrait de DE KOONING)

Cette forme est partie d’un calque de la jambe droite de WOMAN1 ( étape1)  ( FIGURE 8)  qui s’étale de haut en bas du tableau.  

WOMAN 1  (étape ) 1  dont il ne reste plus que des photos prises par deux photographes, RUDY BURKKARDT et WALTER AUERBACH  . Ce calque a été retourné sur la toile pour ne laisser que des traces du charbon de bois qui a servi de contour  dans le tableau. Cette forme de la jambe droite de WOMAN 1 (étape1) a été placée au centre du tableau et a été recouverte de peinture rouge -orange- jaune -rose pour former une forme biomorphique, écorchée, ensanglantée, animale dotée d’ yeux d’un bec et d’un corps sans membres de poisson .Des taches de couleurs noires sont venues s’appliquer sur les bord gauches pénétrant à l’intérieur de la forme biomorphique. L’équilibre étant rompu, le peintre a élargi le coté droit laissant apparaître le charbon de bois qui limitait ce coté de la forme. Il y a donc eu redimensionnement de la forme déportée vers la droite tout en gardant les mêmes proportions et le même équilibre ( FIGURE 23)


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FIGURE 23


Cette jambe , le peintre lui donc  a rajouté deux yeux et un bec  pour en faire une sorte d'animal  comme De KONNING  aimait a en faire ,des formes humaines ou animales, fruit de son imagination . L'idée  de transformer la jambe en animal  à tête d'oiseau  vient peut être de EXCAVATION  , où on peut remarquer cette même forme organique  mais vu sous un angle différent.

Cette forme  biomorphique a la chair rouge orange avec quelques traces de rose  semble avoir été dépecée de sa peau , placée au centre de la toile,  entourée et attaquée de toute part par des animaux moins accueillants  et  qu'on pourrait qualifier   de monstres

En retrait en bas et à gauche un tête ressemble  aux têtes des WOMEN  des années 50 "  WOMAN AND BICYCLE( FIGURES 24) avec  un oeil vers le spectateur et un oeil vers la scène du tableau , cette tête WOMAN  inquiétante   semble être la meneuse de  cette lutte contre la figure biomorphique  rouge, on retrouve aussi cette même tête dans le tableau UNTITLED XXII de 1968 ou UNTITLED VI de 1976



FIGURES 24

        TETE WOMAN « LEG WAMAN IN THE LANDSCAPE)   TETE  WOMAN AND BICYCLE

        TETE UNTITLED XXII de 1968  , TETE  UNTITLED VI de 1976


En bas du tableau des formes de peinture jaune orangées s’enroulent autour des pieds de la forme biomorphiques  ( FIGURE 25)     , d’autres glissent et remplissent de vert les bords droits incurvées de la forme biomorphique. Le reste du tableau semble doté de coups de pinceau qui donnent des mouvements à gauche qui se concentrent en direction de la forme biomorphique et à droite un mouvement de flux et de reflux. ( FIGURE 26)

                                                                                


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                                   FIGURE 25- enroulement  monstre au pied de forme biomorphique


              FIGURE 26_ 

La totalité de la surface en dehors de la forme biomorphique est recouverte par ces mouvements de coups de pinceaux serpentins, ondulés, qui se chevauchent, se superposent. Cette surface, paysage de marais et mer est fait de rides, de boursouflures, de cisaillement de pliures, de flou qui donnent de la vie au tableau mais dans un aspect sombre, ténébreux de panique . Nous y trouvons disséminées dans cette surface des têtes fantomatiques d’homme  ( FIGURE 11) , de « WOMAN », ( (FIGURE  24) d’animaux ressemblants à des monstres ( FIGURE 27). L’épaisseur des peintures varient fortement d’un côté ou d’un autre, cela va de la toile brute du tableau dont il ne reste que quelques points noirs dont la peinture a été grattée, jusqu’aux surepaisseurs rugueuses. 

Si au premier regard ce tableau semble quelque peu abstrait, en y regardant de plus près avec ce que nous connaissons des peintures de DE KOONING , de son environnement  géographique en 1971, de ses anxiétés, de ses addictions , de ses terreurs et de la venue d’une nouvelle muse dans sa vie, nous verrons que ce tableau est d’un richesse picturale incroyable et  qu’il  grouille de vie mais aussi de terreur et de mort .

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FIGURE 27  - MONSTRES DES MARAIS DES MERS

Dans ce tableau, le monde visible, réaliste des marais, de la mer côtoie le monde imaginaire des cauchemars de Willem De  KOONING.

Ce tableau symbolise en images  les cauchemars  qu’il subi  . Dans ses cauchemars qui sont toujours  les mêmes il avait dit dans une interview à  la journaliste BIBEB au sujet de ses rêves,"J'ai fait des cauchemars  pendant longtemps, un monstre m'attaquait , un monstre énorme,.... je fais toujours ces rêves mais ce ne sont plus des cauchemars , je sais que je finis par l'emporter.

 Ce tableau reflète des émotions, des terreurs, des agressions, des addictions ressenties dans sa vie de tous les jours . Ces montres démoniaques de ses cauchemars  sont ses démons intérieurs , sa dépendance à l’alcool, ses doutes, ses peurs dans la vie dont il n’arrive pas à se défaire  

Dans LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE, la forme biomorphique au centre du tableau est abstraite, elle ne correspond pas au réel tandis que l’arrière-plan est sur un fond figuratif de marais et mer qui sont l’environnement de DE KOONING à LONG ISLAND qu’il apprécie particulièrement mais ici,le paysage de marais et de mer  en arrière plan est sombre de noir, de gris , de marron mélangés, superposés ou mis côte à côte mais reste malgré tout très lumineux grâce aux parties grattées jusqu’à la toile qui semblent projeter la lumière de l’intérieur et grâce au bas de la toile fait de  jaune de vert clair et de orange dont les creux en bas de la forme sinusoidale de l’être biomorphique à tête d’oiseau sont remplis des deux cotés par de la couleur verte ,jaune, et marron à teintes claires.

 

 Il avait entendu parler de la légende des monstres des marais “ Les RUSALKESIl faut savoir que DE KOONING avait la phobie des monstres , de l’eau et des bateaux. Il avait entendu cette légende qui concernait ces marais de LONG ISLAND ,Ces RUSALKES, êtres mi-femmes, mi-poissons qui vivent dans les marais et guette la nuit venue les voyageurs imprudents pour les attaquer à mort, intégrer leur personne pour devenir à leur tour des RUSALKES. C’est sans doute ces monstres qui apparaissent dans ses cauchemars. Les monstres tout autour de la forme biomorphique  cherchent à la dévorer. Cette forme biomorphique c’est l’auto portrait  de DE KOONING lui-même qui se fait dévorer dans son cauchemar par les monstres des marais et de la mer mais dont l’issue est heureuse.

 En effet il semble que DE KOONING a abandonné le tableau avant de le terminer car il n’était plus dans l’état d’esprit pour le finir . On remarque des traces  de grattage en haut à droite et des finitions en attente . En effet il venait de rencontrer sa muse Emilie KILGORE et ses idées noires se sont envolées brusquement et remplacés par la joie, la gaité ,l’amour qui venait de rencontrer en la personne de EMILIE KILGORE aussi il traverse le tableau incomplet pour réaliser sur le dos du tableau un dessin sur un  fond rose de   «  Pink Angels » qui est un hymne à l’amour pour sa muse  ( FIGURE  20)

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Pour l’étude détaillée de ce tableau voir mon blog sur DE KOONING et les libellés

-Etude complète du tableau « leg woman in the Landscape

- comparatif SOUTINE et LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE

 


C2-2-2 La crucifixion et LEG WOMAN IN THE 


LANDSCAPE

 

Quand DE KOONING a réalisé ce tableau cauchemardesque, il  pouvait  avoir en tête  le thème de la crucifixion qui semble  très  bien se rattacher à ce tableau . En effet la structure et la composition du tableau « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE »  s’adapte parfaitement aux peintures et dessins crucifixion  de PICASSO de  1930-1932-1938

 

Les dessins de crucifixion de PICASSO de 1932  sont formés d’objets, de personnages  fragmentés, décomposés , entremêlés en formes biomorphiques aux formes allongées arrondies

 

La forme biomorphique de LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE  de DE KOONING  qui est le résultat de la fragmentation  du tableau préliminaire  WOMAN 1 ( étape 1) dont on a extrait la jambe droite correspond à une de ces formes  auquel on a rajouté  des yeux et un bec  ( FIGURE  10)

 

Le supplicié se trouve comme tous les dessins et peintures  de crucifixion  au milieu du tableau . Dans le tableau LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE le croix n’est pas visible mais le supplicié, la forme biomorphique  ( auto portrait de DE KOONING)  se trouve à la verticale en suspension dans l’air. Le pied n’est pas cloué sur la croix mais enroulé autour du corps d’un animal rampant qui l’empêche de bouger ( FIGURE 25)  .  la forme biomorphique  n’ayant pas de bras, la croix devient inadéquate. 

 

Comme les crucifixions  de PICASSO de février 193O et 1938 ,  A gauche  du crucifié  des formes monstrueuses cherchent à dévorer le supplicié  ( FIGURE  27)

 

A droite  dans le tableau « CRUCIFIXION  » de 1930 de PICASSO un petit personnage jaune aux gros yeux rouge pourrait être l’esprit de PICASSO qui se trouve dans le tableau  et qui regarde le crucifié  comme étant lui-même ( autoportrait) ( FIGURE  11)

 

On retrouve la même chose dans le tableau inédit « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » A droite également un visage fantomatique qui ressemble a une tête grise de GIACOMETTI  regarde la scène de dévoration sans pouvoir intervenir , c’est l’esprit de DE KOONING dans son cauchemar qui voit dévorer la forme biomorphique ( son autoportrait)  par des monstres des marais ( FIGURE 11 )

 

En bas à gauche ressort dans le noir une tête qui se confond avec le noir du tableau  ( FIGURE  24). Cette tête glaçante avec un œil  vers la forme biomorphique  et un œil vers le regardeur semble vouloir terroriser par le regard. Cette tête présente parmi les monstres semble solidaire de ceux-ci . Elle ressemble aux têtes des « WOMAN » des années 50 et particulièrement à la tête de « WOMAN WITH BICYCLE ( FIGURE 24) «   avec le haut du crane échancré et des yeux énormes, le nez en forme de V  ( V renversé pour WOMAN with bicycle)


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Dans le tableau  crucifixion  de 1930  de PICASSO,  on remarque d’étranges personnages difficiles à identifier comme cette forme de « Mante Religieuse » ( FIGURE 28 )



                                   CRUCIFIXION 1930              LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE

                                                                       FIGURE 28


 N’est ce pas une allusion à la  femme  de PICASSO  OLGA ?  qui lui rend la vie impossible selon le peintre et qui cherche à le détruire comme cette Mante religieuse dans le tableau  méchante dévoreuse de mâle. De la même manière cette tête noire de « WOMAN » dans le tableau LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE ( FIGURE 28) n’est elle pas la mère du peintre que DE KOONONG décrivait comme une mère castratrice qui le battait quand il était jeune

 

Autre allusion aux tableaux de  «  CRUCIFICATIONS » et aux tableaux de PICASSO de 1930 En bas   du centre du retable d’ISSENHEIM  au niveau du support  on trouve des femmes qui pleurent la mort du christ . Dans le tableau de PICASSO de 1930 , c’est représenté par des fragments de pieds, de jambes , de bras entremêlés . Il existe aussi une allusion à ces femmes au pied du crucifié dans le tableau « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » c’est la fameuse chaussure à haut talon ( symbole féminin ) que l’on retrouve dans un nombre incalculable de tableaux de DE KOONING ( FIGURE 29)




FIGURE 29

En bas de tableaux

Pieds  dans CRUCIFIXION 1930 PICASSO    chaussure haut talon   LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE




Il existe également une ressemblance avec un tableau  de CRUCIFXION  du peintre de le pré renaissance CIMABUE, tableau  qui a été fortement endommagé  lors d’une inondation à FLORENCE. On y voit une sorte d’animal rampant, un vers ondulant  se dirigeant  vers le bas de la croix.  Au bas de la forme biomorphique de « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » un animal rampant ressemblant à un serpent s’enroule autour du pied pour l’empêcher de bouger, de se sauver. ( FIGURE 30)


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                                                     FIGURE 30


        CIMABUE – crucifixion                     LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE( bas de tableau)

 

 


Toutes ces allusions aux tableaux de « CRUCIFIXION » retable d’ISSENHEIM, de CIMABUE  et tableaux de PICASSO de 1927-1929-1930-1932-1938 ne laissent  aucun doute  quant au thème sous-entendu de « crucifixion » également du tableau LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE ou DE KOONING lui-même dans son cauchemar   se transforme  en forme biomorphique suppliciée comme le christ sur la croix  qui  souffre .

 Dans ce tableau « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » , un événement intervient comme une résurrection , une transfiguration, c’est Emilie KILGORE qu’il vient de rencontrer et qui change l’état d’esprit de DE KOONING . Ne se sentant plus le crucifié du tableau , il abandonne le tableau incomplet , le traverse pour se retrouver au dos du tableau dans un nouvel état d’esprit , le rose du dos du tableau remplace le noir de la crucifixion . De la souffrance, de la peur, de la terreur il passe subitement à la joie, à l’amour .Les deux noms inscrits  au dos D KOONING et KILGORE sont entremelés  et les deux portraits de KILGORE en MARYLIN MONROE et de DE KOONING se font face à face. ( FIGURE 20)

 

Les tableaux qu’il fera par la suite «  FLOWERS MARY’S TABLE »  SCREAMS OF CHILDREN COME FROM SEAGULLS »  EAST  HAMPTON PARTY » sont lumineux, joyeux, plein de vie .  Sa rencontre avec Emilie KILGORE a changé la teneur de ses peintures. ( FIGURE  22)

 

Ce tableau « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » peut donc être considéré  comme le tableau qui a fait la transition entre les tableaux  de la fin des années 60 de 1966 à 1971  qui expriment le doute, la peur, la terreur, les idées noires de la vie ( FIGURE 31)et les tableaux qui suivent « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » qui respirent la gaîté, la joie, l’amour de la vie  par ses tableaux aux couleurs chatoyantes de vert , de bleu, de jaune , orange et rouges.( FIGURE 22)

 

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FIGURE 31

THE MAN -        UNTITLED 1970 –               THE VISIT




Conclusion




Ces deux œuvres  inédites  , l’une  , dessin  du portrait  de STRAVINSKY  de 1938 par PICASSO et l’autre «  LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » présumée de WILLEM DER KOONING  nous montrent  que le thème de la « crucifixion » aussi bien chez PICASSO  que chez DE KOONING est un thème récurrent chez les deux artistes non pas pour le coté religieux  de la chrétienté mais pour son aspect universel que l’on soit croyant ou non , il exprime les douleurs, les souffrances de la condition humaine , c’est l’archétype  de la brutalité, du traitement infligé par les hommes à d’autres hommes et plus individuellement  les crucifixions  expriment les souffrances des deux artistes dans leur vie personnelle. Cette conception de la crucifixion donne  aux deux artistes  une forme  qui leur  permettent de s’échapper du contenu  narratif pour se concentrer  sur une évocation émotionnelle

 

Il y a aussi un rapport inattendu entre les deux œuvres  , la « CRUXIFIXION » de 1930 de PICASSO et LEG WOMAN IN THE LANDSVAPE de 1971 , présumé de  DE KOONING .  c’était leur aspect inédit  .


 Pour le premier ayant appartenu à la collection personnelle  de PICASSO , il n’aurait été montré qu’à deux reprises du vivant de l’artiste ( Peut être que DE KOONING l’aurait vu photographié dans une revue Française et il s’en aurait inspiré pour ses crucifixion dont LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE » qui lui est resté inédit .

 

Ce tableau présumé de WILLEM DE KOONING  « LEG WOMAN IN THE LANDCAPE » n’aurait jamais été présenté et vendu par son marchand  ni photographié  du vivant de l’artiste . Peut être aurait t’il été vendu directement par DE KOONING lui-même   à ce   moment de transition ou il n’avait plus de marchand  en 1971 , il avait quitté la galerie KNOEDLER  pour être repris par  Xavier FOURCADE en 1971 date du tableau « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE »  C’est peut être pendant cette période de latence sans marchand qu’il aurait vendu lui-même son tableau


Autre possibilité , il aurait pu l’offrir à un ami  comme il l'a fait à maintes reprises pour des connaissances, des amis ( Il a offert des tableaux à Emilie KILGORE, à son compagnon de traversée Leo COHAN etc)

enfin une autre option qui n’est pas à négliger , on sait  que DE KOONING amenait de temps en temps des compagnons de bar  chez lui pour montrer son  atelier, il était alors souvent dans un état alcoolisé  et certains à l’insu ou non  du peintre  repartaient avec des tableaux sous le bras ( ceci est relaté dans le livre de MARK STEVENS et ANNALYN SWAN,  «  DE KOONING An American master »




 

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Ci-dessous un représentation schématique  des éléments communs dans les deux tableaux  « CRUCIFIXION «  de 1930  et LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE





Entre les deux  tableaux  « CRUCIFIXION » de PICASSO  et « LEG WOMAN IN THE LANDSCAPE »

aux couleurs similaires de vert-jaune- rouge

 

 


     1     Figures de monstres

   2   Crucifié- Autoportrait

   3   Esprit du peintre dans le portrait

   4   Figures ref à mère de DE KOONING  et femme de PICASSO «   OLGA »
   5    bas de tableaux   pieds et chaussure haut talon 


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